Pour un règlement pacifique de la crise malienne.

Début  2012 une force armée composée d’indépendantistes Touaregs et d’islamistes radicaux a pris le contrôle du Nord Mali avec pour objectif l’indépendance de cette partie du territoire et l’institution de l’islam comme religion d’Etat. L’instauration de l’islam comme religion unique avec application stricte et autoritaire de la charia, c’est à dire des lois islamiques. A l’heure où j’écris cet article, les forces armées maliennes que ce soit sous la direction d’Amadou Toumani Touré, du capitaine Sanogo, ou de Dioncounda Traoré ont montrées leur impuissance à défendre et à récupérer cette partie du territoire.


A Bamako, face à cette situation, ce n’est pas l’unité mais les divisions et le chaos qui se généralisent. Au sud du Mali, il semble qu’entre les négociations et la guerre les esprits ont déjà fait leur choix. Le choix de récupérer par la force ce qui a été pris par la force, le choix de venger les victimes directes et collatérales de cet affrontement. Et nous qui avons le privilège d’observer cette situation avec du recul, quelle posture adopter face à ces événements?

Puisque nous sommes pour le développement économique social et politique des sociétés nègres, nous ne pouvons en aucune façon adhérer ou soutenir une action violente. Réfléchissons un peu, quel intérêt pour les Maliens, pour les indépendantistes ou pour les extrémistes religieux de faire la guerre ? Dans quelle mesure cette guerre leur permettra t’elle d’atteindre leur objectif ? La violence à elle seule sera-t-elle capable de rétablir l’intégrité territoriale du Mali ? D’assurer l’indépendance de l’Azawad ? D’imposer la religion musulmane comme religion unique dans l’ensemble du Mali ? Évidemment non. La guerre ne garantit que la multiplication des morts, des blessés, et des viols, la destruction des infrastructures, l’accroissement des haines et des traumatismes qui dilapident les chances d’un futur commun.

La guerre ne produit pas le développement. Elle produit la désolation, la misère et le chaos. On ne peut choisir ce chemin que par aveuglement ou désespoir. Que faire donc ? Essayer de résoudre les causes profondes de la crise, dialoguer et d’arriver à un consensus.

Pour les islamistes d’Ansar Dine et d’Aqmi, le sens de cette crise semble d’abord spirituel. Il faut donc échanger avec eux sur des bases spirituelles. Des personnes capables d’être écoutées par les membres d’Ansar dine, comme de hauts dignitaires musulmans, doivent prendre leur responsabilité et engager un dialogue pour permettre aux islamistes de réfléchir et de méditer sur les fondements de leur foi et de leurs actions. Peut-on imposer par la force une religion ? Les armes et la violence sont-elles conciliables avec une foi authentique ? Quelle place pour le libre arbitre dans la foi ? Quelle place pour le dialogue inter-religieux ? Quelle attitude face à la non-croyance ? Il faut donner aux membres d’Ansar dine la possibilité de déconstruire les schémas spirituels qu’ils ont intégrés pour les remplacer par d’autres. Des schémas spirituels profonds et authentiques, profonds et pacifiques, profonds et tolérants.

Pour les indépendantistes Touaregs le sens de cette crise semble d’abord être une question d’identité nationale, une question de droit des peuples à disposer d’eux même. Là encore il faut qu’un dialogue s’instaure. En quoi scinder le Mali en deux va-t’il permettre aux populations qui vivent sur le territoire de l’Azawad d’accéder à un meilleur développement économique, social et politique ? Pourquoi ne pas réaliser un référendum pour donner à cette revendication une légitimité démocratique ? Pourquoi ne pas essayer d’arriver à cette indépendance de façon progressive en gagnant étape par étape plus d’autonomie ? Ma conviction est que l’État malien pour résoudre cette situation mais également pour en prévenir d’autres similaires devrait focaliser ses efforts sur le développement économique, social, politique de l’ensemble de son territoire.

C’est en agissant pour faire du Mali un espace de croissance et de prospérité que les différents mouvements indépendantistes seront réellement désarmés. C’est en agissant pour le développement de tous sur l’ensemble du territoire que l’on renforcera l’unité nationale dans les cœurs et les esprits. Guerres et violences ne peuvent produire de paix durable, de développement durable, de solutions durables. Elles ne font que repousser les véritables problèmes en les aggravant. Le respect mutuel, le dialogue, et l’unité sont les seules voies qui conduisent au développement. Les seules voies qui participent à la réalisation de notre plus grand rêve : voir les peuples d’Afrique s’élever et sortir de la spirale infernale de la misère et de la violence.