Je vous propose aujourd’hui de lire l’acte d’indépendance d’Haïti. Terre qui malgré la multitude des maux qui l’accable, reste gravée dans le coeur de tous les Africains comme la première république Noire de l’histoire.

Si on peut tirer une multitude d’enseignements de ce document écrit il y a plus de deux siècles, je souhaite partager avec vous trois points qui me tiennent particulièrement à cœur.

Le premier c’est qu’il est important de ne pas oublier que la France pays des droits de l’homme et de la liberté a participé activement à l’asservissement de nos ancêtres. Si nous parlons aujourd’hui d’égal à égal, avec un amour fraternel, nous n’oublions pas le passé et savons le rappeler à la France lorsqu’elle s’érige un peu vite en donneuse de leçons. Non pas pour justifier la médiocrité et le despotisme de certains régimes nègres, mais pour appeler la France à plus de modestie et d’humilité lorsque la tentation lui vient de mettre un peu trop rapidement certains États au banc des accusés .

Le second point qui attire mon attention, c’est l’extrême détermination et l’engagement total de DESSALINES et des cosignataires de ce document, page 1 : « indépendance, ou la mort….Que ces mots sacrés nous rallient, et qu’ils soient le signal des combats et de notre réunion. » plus loin, page 5 « Nous avons osé être libres, osons l’être par nous-même et pour nous-mêmes; » et enfin « Quelle déshonorante absurdité que de vaincre pour être esclave ! ».  Ces mots restent terriblement d’actualité lorsque j’observe ce qu’il se passe en Afrique. Cette haute vision de l’indépendance fait aujourd’hui cruellement défaut chez de nombreux décideurs politiques africains.  A quoi ont servies les indépendances politiques africaines obtenues il y a 50 ans ? L’absence d’indépendance à la fois dans les domaines économiques, financiers et culturels et surtout le manque de détermination à s’unir pour prendre en main notre destin révèlent que l’ indépendance politique de la majorité des États sub-saharien n’est en réalité que poudre aux yeux.

Le dernier point que je souhaite souligner est la malheureuse et inévitable coexistence  entre le rejet profond de la France exprimé dans cet acte d’indépendance et le fait qu’il soit rédigé …en Français. Terrible contradiction. Nul doute que pour créer une unité crédible entre africains,  il nous faut utiliser un matériau à notre image,  une langue africaine, une langue qui ne soit pas celle des anciens colonisateurs. C’est là un véritable défi.