Il y a quelques semaines, en allumant ma radio j’ai entendu ceci :

Les  zones maritimes définies par le droit international
Ce reportage nous explique que des chalutiers internationaux pêchent en toute impunité dans les zones économiques exclusives sénégalaises en violation totale des règles internationales. Le manque à gagner pour les populations et l’Etat sénégalais est estimé à 150 milliards de francs CFA par an!

Comprenons le bien, ce manque à gagner c’est moins de nourriture, moins d’éducation, moins de santé et moins d’infrastructure pour des populations dont le niveau de vie est déjà faible. C’est tout simplement voler le pain de personnes qui se battent pour vivre dans des conditions décentes.

Interrogé sur le sujet, monsieur Ali Haïdar, ministre Sénégalais de la pêche, désigne le manque de moyens et le caractère dérisoire des sanctions judiciaires comme les principaux responsables de cette situation. On nous explique ensuite que pour lutter contre cette pêche illicite, l’Etat Sénégalais s’apprête à mettre en place des sanctions beaucoup plus lourdes et dissuasives : Saisie des bateaux et des cargaisons incriminées.

Ce reportage m’a laissé dubitatif.

Bien sûr, cette décision va dans le bon sens mais on a parcouru que la moitié du chemin. Seul l’irresponsabilité et la complicité des autorités peuvent expliquer que cela n’ait pas été fait plus tôt.

Le cœur du problème c’est l’application de cette loi. Comment faire en sorte qu’elle soit respectée alors que le ministre lui-même reconnait qu’il ne dispose pas d’assez de bateaux, ni d’assez d’agents maritimes pour contrôler la zone et arraisonner les éventuels contrebandiers ?

Voilà un des défauts majeurs de nos Etats africains. Ils légiférèrent sur des éléments sur lesquels ils n’ont pas prise. Ils font minent de croire qu’une loi va résoudre un problème et se désintéressent de son application. Tout cela ne fait qu’augmenter la défiance vis-à-vis de nos hommes et de nos femmes politiques. Tout cela ne fait que renforcer la conviction qu’ils ne servent à rien.

Maintenant que l’on a décidé de défendre les intérêts du peuple Sénégalais comment va-t-on faire pour se procurer des bateaux et former des agents maritimes en assez grand nombre pour pouvoir identifier, arraisonner et sanctionner les pilleurs ? Voilà la véritable question sur laquelle le ministre ne dit mot.

Le Sénégal n’est pas le seul pays africain victime de ce braconnage, pourquoi ne pas travailler à une collaboration inter-Etat et mutualiser les investissements nécessaires à la protection de nos ressources maritimes ?

La réponse je le crains reste toujours la même. Notre incapacité à comprendre que nos intérêts sont communs et à nous unir pour les défendre.

Le 4 janvier dernier un chalutier russe l’Oleg Naydenov a été arraisonné par l’armée Sénégalaise puis mis sous séquestre dans le port de Dakar pour cause de pêche illégale. Un début de victoire ? Pas si sûr. L’Etat sénégalais semble avoir particulièrement mal géré la communication autour de cette affaire.

  • Aucune preuve de la culpabilité du bateau n’a été donnée alimentant les soupçons d’une arrestation arbitraire.
  • Une communication officielle opaque sur les conditions du relâchement du bateau réalisé le 22 janvier dernier. On ne sait précisément si c’est une amende ou une simple caution qui a été versée. Dans un cas comme dans l’autre on est loin de la confiscation systématique des bateaux et de leurs cargaisons promises par Ali Haïdar.

Pour finir et c’est là le point le plus important, cela ne nous donne aucune information sur le point centrale de toute cette affaire:
Comment l’Etat sénégalais se donne t’il les moyens de contrôler et protéger durablement ses frontières maritimes ?