Rokhaya DIALLO a écrit dans La Tribune un article extrêmement intéressant sur la victoire de Donald TRUMP. Celle-ci serait, selon elle, la manifestation d’un sursaut identitaire de l’électorat Blanc. Un électorat majoritaire sans lequel il est difficile d’accéder à la présidence. Un électorat animé par un profond sentiment de déclassement racial (pas économique) et nostalgique de la grandeur d’une Amérique, en occultant que cette Amérique là était ouvertement injuste et raciste.

J’ai en ce qui me concerne une perception différente des circonstances qui ont conduit Donald TRUMP au pouvoir. Une intuition personnelle qui ne prétend pas refléter la réalité dans sa complexité.

En observant Donald TRUMP j’ai l’impression que ce qui a séduit chez lui c’est d’abord le fait qu’il ne soit pas un homme politique. Argument particulièrement percutant pour tous les déçus du système quels qu’ils soient. Autre argument de poids le fait qu’il soit reconnu comme un homme d’affaire accompli. En filigrane il y a l’idée simple qu’il serait capable de mettre au service de la communauté les talents qu’il a su développer pour accumuler des milliards de dollars pour lui même.

J’ai le sentiment que ce sont là les deux principaux facteurs qui ont propulsé Donald TRUMP à la tête des Etats-unis.

Si les raisons qui poussent un individu à voter pour un candidat sont multiples et complexes, il me semble qu’il y a toujours dans ce choix une notion d’identité ou de proximité. Il s’agit du candidat qui semble avoir une vision de la société identique ou la plus proche de la nôtre, du candidat qui semble avoir un mode de vie, une culture, une histoire identique ou la plus proche de la nôtre. Bref il s’agit du candidat dans lequel on se reconnait le plus. C’est pourquoi qualifier un vote d’identitaire ne me semble pas assez précis. A quelle type d’identité fait-on référence? Est-ce une identité de genre ? de race ? de culture ? de conviction ? de vision ?

Si l’électorat Blanc a voté majoritairement pour Donald TRUMP ce n’est pas pour la couleur de sa peau. Il avait pour adversaire une blanche tout comme lui. Notons d’ailleurs que lors des deux précédentes élections, l’électorat Blanc a davantage soutenu Barack Obama qu’il n’a soutenu Hillary Clinton.

Election 2016 (source : New York Times)
Election_2016_Exit_Polls_The_New_York_Times

Election 2012 (source : New York Times)
Election_2012_Exit_Polls_The_New_York_Times

Election 2008 (source : New York Times)
Election_2008_Exit_Polls_The_New_York_Times

Ce qui a tourné à l’avantage de TRUMP – à part le fait qu’il soit un homme – c’est sa vision et son style. Une vision dans laquelle le monde extérieur est presque systématiquement perçu comme une menace. Un style rugueux, un fierté inébranlable, une habilité extraordinaire à se servir des médias pour transformer un amateurisme déconcertant en persécution médiatique et apparaître jour après jour comme la voix des sans voix.

C’est cette vision et ce style que l’électorat Blanc a choisi. Même si ce n’est pas ce que nous aurions souhaité, c’est leur droit. Mon intime conviction est que nous, moi le premier, devrions réprimer notre désir de juger ce qui se passe de l’autre côté de l’Atlantique et focaliser notre énergie pour faire en sorte que les mêmes ingrédients n’aboutissent pas aux mêmes résultats ici en France. Le risque est réel.

Un des grands enseignements que j’ai tiré des élections qui se sont succédées en 2016 (Brexit, TRUMP, Fillon) est de me méfier des sondages, or, la décomposition des votes de l’élection américaine sur des bases raciales ne sont rien d’autre que des sondages. Ils sont donc à prendre avec beaucoup de pincettes.

Seul les faits sont certains. Donald TRUMP a gagné l’élection présidentielle. Victoire écrasante en termes de grands électeurs, défaite dans un mouchoir de poche en termes de vote populaire. Toute analyse qui va au delà des résultats effectifs, aussi intéressante soit-elle, doit être considérée avec beaucoup de prudence.