Manifestons de l’amour pour nos caractères négroïdes

Hier lors d’une fête, une amie très proche s’est fait  railler à cause de ses cheveux. Depuis deux ans, en effet, mon amie a pris la décision de garder ses cheveux naturels, de ne plus les défriser comme s’était auparavant son habitude. Lorsque son cousin, lui fit cette remarque : « mais c’est quoi cette grosse doudoune ! » en lui caressant la tête, elle eut un sourire gênée, puis on parla d’autre chose.

Tous les jours pour aller au travail je traverse le boulevard de Strasbourg dans le 10ème arrondissement de Paris. Tous les jours je suis ulcéré de voir qu’une des plus grandes boutiques de ce boulevard dédiée à la beauté afro s’appelle « White and fair ». Ulcéré que le slogan de cette marque de cosmétique dédiée aux populations Noires soit : « So white » !

Ce genre de situations est tellement courant que nous avons du mal à y prêter la moindre attention. Et pourtant ils distillent lentement mais surement dans nos esprits l’idée que nos caractères physiques naturels négroïdes ne sont pas désirables, pas esthétiques.

Nous ne pouvons  pas atteindre d’objectifs de développement économique et sociale, si nous n’avons pas pleinement conscience de notre valeur. Si nous n’avons pas une immense fierté pour ce que nous sommes, si nous ne nous réapproprions on pas nos corps naturels comme des biens hautement précieux. Non pas porter un regard neutre sur notre corps, mais se réjouir d’exister à travers ce corps qui est éminemment désirable et précieux. Un corps pour lequel nous devons ressentir de la fierté et de la gratitude.

C’est important parce qu’il y a encore un long chemin à parcourir pour nous originaires d’Afrique avant d’arriver au un niveau de développement des sociétés dîtes les plus avancées. Si vous lisez cet article, c’est probablement que vous êtes comme moi animé du désir ardent de déployer votre énergie pour que ce jour arrive le plus tôt possible.

Si nous croyons ne serait-ce qu’inconsciemment que notre peau est trop foncée, nos cheveux trop crépus, nos lèvres trop épaisses, si nous avons le sentiment que nous ne sommes pas assez beaux, pas assez intelligents, impossible alors de croire intimement que nous sommes réellement dignes du développement. Impossible de déployer les actions nécessaires pour concrétiser notre vison : l’émergence et le maintien des populations nègres dans un monde de liberté, de prospérité, de dignité.

Avant de changer le monde, commençons par nous même et par les sentiments que nous entretenons avec notre corps. Révoltons-nous contre les chaînes mentales dont nous sommes les victimes. Entretenons partout, à tout moment, et en tout lieu une fierté inébranlable pour notre corps et pour les différentes caractéristiques physiques qui nous identifient en tant qu’homme et femme Noire.