Il y a quelques jours lors d’un voyage à Londres, j’ai rencontré Madee NGO. Cette expatriée d’origine congolaise m’a expliqué comment sa passion pour la danse l’a amenée à suivre une formation de danseuse classique. Comment par la suite son désir de partager sa passion et de mettre en valeur ses origines l’a conduit à proposer des cours de danse africaine à Paris. Comment enfin, elle finit par s’installer en Angleterre pour créer sa propre école de danse et échapper au pessimisme général que suscitait son projet en France.

J’aimerai partager avec vous quelques réflexions qui m’ont traversées l’esprit suite à notre rencontre.

De façon tout à fait choquante, l’apport des Noirs à la culture en général et à la danse en particulier est encore considéré comme mineur. En France, on peut très bien devenir danseur professionnel sans jamais avoir été formé aux danses africaines. Pour être pris au sérieux un danseur doit avoir suivi une formation de danse classique, de danse contemporaine ou de jazz. La loi française va jusqu’à imposer aux professeurs voulant enseigner l’une de ces trois disciplines à suivre une formation spécifique. A l’opposé, les danses africaines malgré leurs influences sur une multitude de danses ne sont pas considérées comme des danses nobles, des danses majeures, des danses prestigieuses.

En tant que Noirs, nous devrions déployer notre énergie pour être présents au sein des cercles où se définissent et se transmettent les savoirs dit « académiques ». De fait, notre sous-représentation au sein de ces instances à pour conséquence que nous apparaissons comme n’ayant rien apporté de significatif ou si peu à l’humanité que ce soit dans le domaine des sciences ou des arts. Ceci est à la fois faux et inacceptable.

Comprenons le bien, si l’exclusion du « génie nègre » du savoir académique a un impact sur le regard que les autres portent sur nous, ça a également un impact sur le regard que nous portons sur nous-même.

Apprendre à danser le Ndombolo, le coupé décalé, des danses traditionnelles afro ou caribéenne issues directement de l’Afrique comme le Bèlè ou le Gwoka me procure énormément de plaisir. C’est aussi à titre personnel une façon de reprendre possession de mon corps et de mon esprit, de me réapproprier une partie de ce « génie nègre » qui n’est enseigné ni dans les universités, ni dans les écoles prestigieuses et qui ne demande qu’a être reconnu pour ce qu’il est : un trésor de créativité, de beauté et de maîtrise légué non seulement aux Noirs mais à l’humanité toute entière.

Toute mon admiration à Madee NGO, une femme intelligente, talentueuse, déterminée, an African queen ! Je vous invite à vous abonner à sa page facebook The-Active-Afro-Training, à faire un tour sur son site internet activeafrotraining.com, et, si le hasard vous amène à Londres d’aller vous immerger dans l’univers des danses afro.